Microsoft Kin: un bon coup!

20 avril 2010 à 10:10

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Microsoft a annoncé la semaine dernière deux nouveaux téléphones cellulaires destinés aux 16 – 30 ans, les Kin One et Kin Two. Les premières réactions sont parfois assez mitigées, bon nombre de journalistes, analystes et observateurs jugeant la plateforme déficiente. Une erreur, selon moi, qui démontre souvent une incapacité à se mettre dans la peau des jeunes.

Avant de me faire lancer des tomates et des vieilles pagettes, je tiens à souligner que je ne suis pas dans l’âge visé par Microsoft pour ses Kin, et que je ne me contenterais pas personnellement de ces téléphones.

Présentation des Kin
Les téléphones Kin ne sont pas des téléphones intelligents, selon la définition de l’heure, qui veut que ces appareils doivent avoir accès à une boutique d’applications.

Ce sont des téléphones axés sur le réseautage social, qui rassemblent les informations de Facebook, MySpace et Twitter, qui permettent de partager vos SMS, votre statut, votre position, vos photos et vos vidéos, etc. Fait à noter, tout le contenu de votre téléphone peut également être accessible en ligne (photos, vidéos, SMS, historique d’appels, etc.).Deux morceaux de robots pour ce dernier point.

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Les téléphones Kin One (au format carré) et Kin Two (le plus traditionnel) possèdent tous deux un écran tactile et un clavier QWERTY complet.

Aucune date de lancement n’a été annoncée pour le Canada pour le moment.

La stratégie de Microsoft: un marché segmenté
En plus du Kin, une plateforme complètement fermée, mais qui sera mise à jour par Microsoft avec le temps, Microsoft prévoit lancer plus tard cette année son système d’exploitation Windows Phone 7.

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Pourquoi deux systèmes?

Parce que Windows Phone 7 s’adresse aux 25 ans et plus, tandis que le Kin s’adresse aux 16-30 ans (ou 15-25, selon les sources).

Selon Microsoft, les deux plateformes se complémentent, et ceux qui désirent l’une ne désirent pas l’autre. Contrairement à Apple, qui croit qu’un seul téléphone peut intéresser tout le monde, Microsoft prend le pari que le marché est plus segmenté et que tous n’ont pas les mêmes besoins et les mêmes envies.

D’où la création des Kin.

Les 16-30 ans?
Honnêtement, avant de poursuivre, je ne crois pas que Microsoft vise exactement les 16-30 ans.

Notons tout d’abord que quelqu’un de 16 ans n’a absolument rien à voir avec quelqu’un de 30 ans et que cette tranche d’âge ne veut en fait pas dire grand-chose (tout comme l’expression «les jeunes», d’ailleurs).

En plus, je crois qu’ils visent plus jeune que 16 ans, probablement à partir de 14-15 ans, mais que cela ferait mauvaise presse d’en parler publiquement. Ceci n’est que mon opinion.

Il faut probablement segmenter ce groupe d’âge pour comprendre à qui les Kin s’adressent.

Ainsi, je pense que les Kin s’adressent d’une part aux jeunes de 14 à 19 ans, et d’autre part aux jeunes de 20 à 30 ans qui ne sont pas intéressés par les téléphones intelligents.

Ceux-ci peuvent ne pas vouloir d’iPhone ou d’un Palm Pre parce qu’ils qui sont moins intéressés par les appareils électroniques (sans être technophobe), parce que leur travail n’en nécessite pas un, parce qu’ils recherchent seulement certaines options sur un téléphone (par exemple la possibilité de s’en servir comme lecteur MP3, prendre ses courriels, consulter Facebook), parce qu’ils n’ont pas assez d’argent à investir, etc.

Notons que plusieurs observateurs présentent le Kin comme étant un téléphone destiné principalement aux gens qui utilisent beaucoup les réseaux sociaux. J’ai un peu de difficulté avec cette affirmation, puisque bon nombre de ces utilisateurs seraient beaucoup mieux servis avec un téléphone intelligent.

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Notons aussi que les vidéos promotionnelles du Kin présentent de jeunes hipsters dans la fin vingtaine tout droit sortis de Brooklyn. Évidemment, ces jeunes n’utiliseraient pas de Kin dans la vraie vie. Mais bon, Scarlett Johansson n’achète probablement pas de crèmes grand public L’Oreal au Jean Coutu du coin non plus.

Trois types de téléphones ont du potentiel à l’heure actuelle
Même si les médias concentrent généralement leur couverture de la téléphonie cellulaire sur les téléphones intelligents, ces appareils sont encore minoritaires sur le marché. Et même s’ils gagnent en popularité tous les jours et que l’avenir leur est promis, ceux-ci comptaient pour seulement 17% des téléphones cellulaires en utilisation aux États-Unis en décembre dernier, ce qui laisse encore pas mal de place pour les autres genres de téléphones.

Selon moi, trois types de téléphones peuvent potentiellement connaître du succès aujourd’hui et se démarquer du lot :

1: les téléphones idiots. Un téléphone cellulaire qui sert uniquement à téléphoner. Un clavier numérique et c’est tout. Le prix sera toujours le facteur décisif, mais un bon téléphone idiot doit aussi miser sur son design.

2: les téléphones intelligents. Un téléphone avec des applications intégrées efficaces et la possibilité de télécharger des applications tierces pour faire à peu près n’importe quoi. Notons que celui-ci doit être agréable à utiliser, joli et être capable de bien faire rouler ses applications, ce qui n’est pas toujours le cas à l’heure actuelle, notamment avec certains téléphones Android.

3: les téléphones avancés. C’est probablement la catégorie où il y a le plus d’appareils à l’heure actuelle, mais c’est aussi la catégorie où ces appareils sont les moins intéressants. Ce sont des téléphones moyennement intelligents qui n’offrent que certaines fonctions. Les Kin en font partie.

Malheureusement, les téléphones avancés sont généralement de pâles copies des téléphones intelligents et ils sont souvent mal foutus. Par exemple, à peu près aucun téléphone avancé n’arrive à la cheville d’un iPod pour contrôler sa musique.

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Pourquoi est-ce que le Kin semble être un bon téléphone avancé
Je n’ai pas essayé le Kin, je peux donc me tromper, mais ce que je vois jusqu’à présent me plait. Celui-ci pourrait bien être l’un des rares téléphones avancés à être digne d’intérêt.

Les Kin One et Kin Two possèdent de bons appareils photo (8 mégapixels dans le cas du Kin Two), le lecteur musical sera efficace puisqu’il sera le même que sur les lecteurs multimédias Zune, les téléphones offriront une bonne autonomie (un week-end complet), les réseaux sociaux semblent bien intégrés, le logiciel pour prendre ses courriels également et les deux Kin possèdent un clavier QWERTY.

Comprendre les jeunes pour comprendre le Kin
Certaines critiques du Kin démontrent vraiment une incompréhension face à la clientèle cible.

J’ai par exemple lu à quelques endroits que le téléphone n’avait malheureusement pas de logiciel pour gérer son agenda. Et bien j’ai une petite nouvelle: la plupart des adolescents n’utilisent pas d’agenda électronique. Point final.

Et pour ces jeunes travailleurs de 26 ans qui ont besoin de leur agenda? Comme je disais plutôt, le Kin n’est pas pour eux, ceux-ci seront mieux servis avec un téléphone intelligent.

D’autres critiquent également l’absence d’une boîte de courriels universelle. Même chose: si tu dois prendre tes courriels du travail en plus de tes courriels personnel sur ton téléphone, les Kin ne sont pas pour toi.

Plus subtil maintenant, la plupart des journalistes ont regretté le fait qu’il était malheureusement impossible d’envoyer une photo directement sur Twitter avec un Kin. À l’heure actuelle, les adolescents n’ont pas encore embarqué dans le phénomène Twitter. Microsoft peut donc prendre son temps avant d’inclure cette fonctionnalité.

Pour juger le Kin, il faut le faire avec les yeux de ceux qui sont visés par ce produit, et j’ai l’impression que Microsoft a fait un bon boulot de ce côté. Tant au niveau des fonctions intégrées que du design ou du marketing.

Je pourrais me tromper, mais d’après ce que je vois, le Kin a tous les outils pour devenir un bon téléphone avancé et connaître un grand succès auprès des jeunes. Pourvu que le prix de l’appareil, et surtout de ses forfaits de données, soit adapté à leur portefeuille.

Texte paru sur BRANCHEZ-VOUS!